lundi 21 mai 2007

Ma femme est toujours à l’UMP

Dépêche agence de presse Mai 2007.
Un peu moins qu'en 2002 : plus de 7.550 candidats se présenteront au 1er tour des élections législatives des 10 et 17 juin. Un chiffre pas encore définitif, communiqué par le ministère de l'Intérieur après la clôture du dépôt des candidatures à 18H00.


Ma femme est toujours à l’UMP


J’ai jamais aimé les « hôpitals » Pfff… Ça sent bizarre et ça me fout les foins. Mais bon, faut que j’aille voir ma Gisèle. En plus elle m’a pas dénoncé aux flics. Alors que je lui tirais dessus, elle a dit que le coup de feu était parti tout seul pendant le nettoyage de mon fusil de chasse. C’est sûr, elle m’aime ma Gisèle. Putain, c’est long ces couloirs et, tous ces gens en blouse blanche sont comme des fantômes… Je suis triste, un peu. Vincent mon copain de toujours m’a blessé. Il a oublié QUI j’étais. Il a mis de l’eau dans mon pastis, je ne mets jamais d’eau, juste un glaçon. J’aime le son de la glace contre le verre. Vincent s’amuse à m’ignorer, c’est sûr. En plus, il m’a lâché comme ça, sans prévenir, comme un souffle du diable sur mon oreille : « Raoul, tu fais chier depuis que ta femme est à l’UMP. » Sur chier, un postillon est parti de sa bouche, pour se poser sur mon glaçon et son haleine chaude m’a glacé le cou. Merde… M’emmerde Vincent… Pas me faire emmerder par un barman. C’est pour ça que j’ai zappé. J’ai attrapé la télécommande sur le comptoir et PAF : j’ai changé de chaîne. Je leur ai coupé Equidia, PAF, comme ça en pleine course. Z’étaient furax les gars, z’ont pas vu l’arrivée. Du coup, z’ont regardé Public Sénat parce que la télécommande, elle marchait plus après normal : j’l’ai jetée dans le demi de Vincent. Il a toujours un demi à portée de main Vincent. Ensuite, Il m’a agressé Vincent, il m’a dit : « t’es une vraie merde Raoul ! »
- « Ben, contrairement à toi, la merde, elle vote…Elle fait pas l’abstentionniste la merde, elle colle aux basques des politiques. »
- « C’est ta femme qui t’oblige…Raoul… »
- « Ben oui et alors, c’est ça mon pote d’avoir une femme engagée en politique, je m’intéresse à autre chose que votre PMU maintenant…, j’ai une conscience citoyenne, MÔNSIEUR… »
- « Qu’est ce que tu racontes ? t’as failli la tuer…»
- « HIPS… Tu sais combien elle vaut ma voix à moi, Hein ! Elle vaut 1 euros et 66 centimes… Voilà MÔNSIEUR. »
- « Arrête de boire Raoul, tu délires… Là… »
- « Pas du tout… HIPS… Pendant que nous, on joue aux courses, y a des mecs qui ont compris que les électeurs rapportent plus que les chevaux, 1 euros et 66 centimes chaque année... Pas beau ça ? Je fais gagner à peu prés chaque année : 1 euros et 66 centimes au PCF depuis 2002 sans le savoir… »
Vincent me regarde bouche bé, il me dit droit dans les yeux : « je le crois pas. »
- « Mais si Monsieur, en 2004, le pognon filé aux formations politiques c’est 73 235 264 euros au total, un sacré gâteau, Hein ! Y a eu : 33 073 341 € pour l’UMP, 19 660 452 € pour le PS, 4 580 229 € pour le FN, 4 544 246 € pour l’UDF, 3 717 106 € pour le PCF et VLAN le tout en fonction du nombre de chevaux à l’arrivée… Euh… HIPS… Du nombre d’électeurs»
- « Comment tu retiens tous ces chiffres Raoul ? tu m’épates là ? »
- « HIPS… c’est mon côté Rain Man… »
- « C’est quoi ça, le nom d’un cheval ? »
- « C’est une sorte de maladie intelligente. Tu vois, tu connais même pas la culture américaine.»
- « Je vois, elle t’a mis au pas ta Gisèle…»
- « Exactement… D’ailleurs… HIPS… Terminé, la bière le matin, je commence par un petit footing et HOP au boulot. »
- « Vas-y Raoul, je mise sur toi pour la dernière course, tiens fais nous un petit hennissement avant de partir… »
- « C’est ça et toi reste donc dans tes charentaises, coco…Va… »
Avant de partir, je lui pique une assiette de cacahouètes que je vide dans ma poche droite. C’est vrai, il me faut une réserve, j’ai souvent faim quand je bois. J’ai un morceau d’arachide coincée dans une molaire et, arghhh, ça me rend vraiment malade, l’odeur de l’hôpital. Alors elle est, où : la chambre de ma Gisèle ?… Ah voilà chambre 33… Je rentre et je vois une belle au bois dormant. Quelle est belle ma femme. Je mange goulûment une poignée de cacahouètes pour vérifier que je suis bien conscient, encore en vie. Je regarde cet ange qui dort quand j’entends : « ramasse… Ramasse la cacahouète qui est tombée chéri… C’est un hôpital ici, pas un bistro. » Zut l’ange qui dort n’est pas ma femme, je me disais bien aussi, la politique, ça peut pas la rendre aussi belle.
- « Chut, ne fais pas de bruit et ne réveille pas la petite Laure, elle a voulu tuer DSK, elle est épuisée, elle a besoin de repos. Viens par ici… Alors tu as fait quoi ce soir»
- « On a écouté Louis Boissa, quel nom le mec… Boissa,
- « Mais non chéri, c’est Louis de Broissia, le sénateur…
- « Oui si tu veux et ben, il a dit qu’on pouvait écrire sur le ternet avec les copains du bistro…»
- « L’internet chéri, mais je ne comprends pas vous regardez les hommes politique au bistro, c’est nouveau ça. »
- « Oui Madame on a une conscience politique, maintenant. Et demain, j’fais un footing avec Vincent. Ensuite on causera sur le ternet pour dire c’qu’on pense…»
Je regarde la belle au bois dormant. Putain qu’elle est bonne. Elle se réveille encore sonnée, et dit à ma Gisèle : « tu ne m’avais pas dis que ton mari était éditorialiste. » Éditorialiste faudra que je demande à Vincent ce que ça veut dire…